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Interview du journal La Semaine du Pays Basque


Interview de La Semaine du Pays Basque en vue de l'article paru le 5 juillet 2013

FRÉDÉRIC, PEUT-ON CONNAITRE VOTRE PARCOURS MUSICAL (je sais que vous êtes violoniste, mandoliniste, que vous avez été professeur d'alto à Bayonne et dans les Landes, directeur de l'école de musique à Saint-Palais, musicien à l'ORBCB et à l'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine)
    
Mes parents, lorsque j'avais 5 ans, m'ont inscrit à l'Estudiantina bayonnaise, un orchestre à plectres que dirigeait Alfred Darizcuren qui m'a appris le solfège et la mandoline. Six ans plus tard, nous vivions à Rouen où j'ai commencé à apprendre l'alto à cordes au conservatoire. Quelques années plus tard nous étions de nouveau à Bayonne et à 17 ans je jouais dans le pupitre d'alto de l'Orchestre régional Bayonne-Côte basque en tant qu'étudiant au conservatoire. L'année suivante j'entrai au conservatoire supérieur de Paris en solfège spécialisé et au conservatoire de Bordeaux en alto et en chant. Quelques années plus tard je revenais à Bayonne comme professeur d'alto au conservatoire où j'ai enseigné pendant 8 ans et où je continue de jouer avec l'orchestre régional tout en enseignant le violon et l'alto au conservatoire départemental des Landes et la mandoline, le violon et l'alto à l'école de musique d'Hasparren. 

COMMENT ÊTES-VOUS VENU À LA DIRECTION ARTISTIQUE D'ITSASOA ? 

Lorsque j'étais adolescent il n'y avait pas de chef de chœur dans ma paroisse et c'est là que j'ai fait mes premières armes. Puis, comme professeur au conservatoire de Bayonne j'ai dirigé pendant 6 ans l'orchestre des Benjamins et travaillé la direction d'orchestre avec le directeur du conservatoire Robert Delcroix qui avait été professeur de direction au conservatoire supérieur de Paris. Plus tard j'ai dirigé le chœur ELHEA de Saint-Palais et brièvement le chœur ARRAGA de Cambo le temps de l'arrivée d'un autre chef. Un jour, à Anglet, au carrefour Saint-Léon, j'ai vu une affiche annonçant un concert du chœur OYHAMBURU. Je me souviens avoir alors rêvé de diriger un jour ce chœur. Plus tard, lorsque Philippe Oyhamburu a laissé sa place à un autre chef de chœur, je me suis dit que j'aurais aimé être celui-là. Ce qui fait que lorsque quelques années plus tard j'ai été sollicité pour diriger ce même chœur qui entre temps avait pris le nom d'ITSASOA, je n'ai pas hésité un instant. Cette proposition est arrivée sans sollicitation de ma part et sans que le chœur ne me connaisse. Une grande amie, Christine Vergne, avait parlé de moi à sa propriétaire qui était la femme d'un choriste et c'est ainsi que le contact a été établi. 

JOLIE FORMULE LORSQU'ON PRÉSENTE ITSASOA : « LES CHORISTES ONT LE CŒUR EN EUSKAL HERRI ET L'ESPRIT TOURNÉ VERS LE MONDE ». UNE CHORALE D'INSPIRATION NAVARRAISE ?

Les costumes sont d'inspiration navarraise, plus précisément d'Ochagavia pour les femmes et de la vallée du Roncal pour les hommes. Les choristes portent cette tenue depuis 1989. Le répertoire comporte des chants navarrais mais aussi des autres provinces du Pays basque.

QUEL SERA LE PROGRAMME DU CONCERT QUE VOUS DONNEREZ AVEC VOS 60 CHORISTES LE 11 JUILLET À L'ÉGLISE SAINTE-EUGÉNIE À BIARRITZ ?

Le public pourra entendre des œuvres des compositeurs basques Uruñuela, Olaizola, Madina, Donostia, Sorozabal, Guridi, Urteaga, Busto et d'autres ainsi qu'un chant de Atahualpa Yupanqui et un chant philippin. Mentionnons entre autres œuvres GERNIKA de Sorozabal, AITA GUREA de Madina et SAGASTIPEAN de Busto. 
  
LE RÉPERTOIRE D'ITSAOA EST-IL AUTANT COMPOSÉ PAR DES CHANTS RELIGIEUX ET CLASSIQUES QUE PAR DES CHANTS CONTEMPORAINS ? COMMENT PERCEVEZ-VOUS L'ÉVOLUTION DE VOTRE TRAVAIL EN QUALITÉ DE CHEF DE CHŒUR ?

Les compositeurs choisis vont du répertoire classique aux compositions contemporaines. L'évolution du chœur passe effectivement par son répertoire. Le répertoire des compositeurs basques est plus riche qu'on ne l'envisage généralement. Nous avons des projets de répertoire pour plusieurs années et ce, dans tous les styles, non seulement en basque mais aussi dans d'autres langues. Plusieurs choristes sont instrumentistes ou simplement capables d'apprendre une partition et de la faire répéter. C'est un atout pour le chœur et une aide en prolongement de mon travail. La progression de l'ensemble passe par l'apprentissage de chacun au cours des répétitions hebdomadaires que j'assure et des répétitions par pupitres assurées selon les besoins par les choristes entre eux. L'objectif de l'apprentissage d'un chant est de le travailler jusqu'à le posséder, le faire nôtre pour pouvoir l'interpréter, l'exprimer, le transmettre, le communiquer au public. Les choristes sont des amateurs auxquels je demande une approche professionnelle du spectacle. Bien qu'ils soient amateurs, j'attends de chacun qu'il se comporte en spécialiste et se prépare comme s'il était soliste. Chacun est responsable de sa participation, même si elle est fondue dans l'ensemble.

LORSQUE VOUS RASSEMBLEZ LES 60 CHORISTES SUR SCÈNE, QUELLE EST VOTRE MOTIVATION PREMIÈRE ?

Transporter le public vers l'inouï dans le sens premier du terme. Le rôle du chef de chœur est de transmettre une énergie aux choristes, de susciter l'homogénéité de l'ensemble et de veiller à une interprétation fidèle des œuvres pour qu'elles parviennent intactes au public et atteignent la sensibilité de l'auditeur. Lorsque l'auditeur est mis en contact avec l'enfant qui est en lui par la magie de la découverte ou de la beauté et se laisse transporter ou divertir, le but est atteint. La musique est un moyen de communication entre les interprètes et le public. Cette communication passe par le visuel et l'auditif, par le chant et la parole. S'il n'y a pas communication, le concert ne suscite rien et s'il ne suscite rien il n'a pas lieu d'être. Une autre dimension du concert se révèle quand nous chantons hors du Pays basque : la volonté de faire connaître la beauté et la diversité culturelle de notre pays. Non seulement par le chant mais aussi par la parole et parfois aussi la danse. Nous sommes inspirés en cela par les groupes célèbres qui nous ont précédés : Olaeta, Eresoinka, Oldarra, Orai bat, Etorki, pour ne citer que ceux-là.